Déshumanisé

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Déshumanisé

J’aurais aimé pouvoir tout dire
Mais je n’ai pas été programmé pour
Alors je garde tout et ça me ronge
Et à force d’être contenu j’explose
“Mon humanité se noie dans la désintégration des dernières particules de moi, mon œil nouveau observe la transition. D’humain, je suis devenu automate, androïde fait d’acier, sans moyen jamais de librement s’exprimer. De toute façon c’eût été trop tard, je ne pense plus, et ne pourrai plus penser. Androïde coincé.”
J’explose par ma prose, en une avalanche de choses,
En vers libres, en rimes, en crimes tus par le papier
En anaphores, en phrases, en pleurs jamais hurlés
“Et me condamnant au silence, je voyais mon supplice perdurer. Les pensées en permanence dans ma tête étaient désormais forcées d’y rester. Sous peine de mort, je ne pouvais plus rien dire, ç’en était fini.”
A force de tout garder, tout retenir, tout mémoriser
J’ai fini par me perdre
J’suis même plus capable de me genrer dans une société binaire
Alors j’essaye de répondre le plus possible aux critères
“J’étais trop différent. Et pour compenser cette altération grandissante de ma personnalité, je me suis peu à peu machinisé. Je devenais ma propre marionnette et me prenais dans le système. Je frôlais l’excellence dans ce que je pouvais contrôler, décider. Automate dans une cage d’acier.”
J’suis pas foutu d’être beau, j’me trouve gros même si on me répète le contraire
Pour avoir l’impression de savoir faire quelque chose j’en fais trop
J’sais même pas être un zéro
J’écris mon trop plein j’essaye de repartir à nouveau
Je vide ma haine, ma peur, mes cris, mes pleurs sans aucun flow
Juste dans un flot continu

“Toutes ces choses qui défilaient sous mes yeux me paraissaient étranges. Tout était trop humain, et je ne l’étais plus. Pour moi l’humain avait disparu. Les concepts de joie, rire, extase étaient dorénavant de lointaines images inaccessibles, comme dérivant dans une réalité que j’avais perdue.”
Je ne m’arrête plus jusqu’à avoir tout vu
Tout vu sortir de mes doigts, s’envoler, se confier au papier
Jusqu’à être sec, n’avoir plus rien à râler
Jusqu’à n’avoir plus une seule chose à cacher
“Mon cœur, j’en étais certain désormais, n’était plus que de fer. Une pompe automatisée qui permettait à l’énergie nécessaire à mes mouvements de circuler. J’avais commencé à développer une peur infernale de la pluie, qui m’aurait fait rouiller.”
Jusqu’à entendre le froissement de mon cœur qui tourne une nouvelle page
Une nouvelle page blanche, vide de remords, de ragots, de secrets indicibles, de choses inadmissibles
Vide de bruit
Vide de moi
Et l’espace d’un instant c’est beau, j’ai presque envie d’en sourire
Jusqu’à ce qu’elle recommence à se remplir
“J’étais mort. Je venais de le comprendre. Mort déshumanisé.”